Et si l’Amérique de Obama ne pouvait jamais s’en sortir ? Par Jean-Joseph Agoua

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Et si l’Amérique ne pouvait jamais s’en sortir ?

L’affaiblissement international des États-Unis d’Amérique au plan international, hérité de l’enlisement en Iraq, Afghanistan (implication indirect dans le conflit libyen) et de la dégradation spectaculaire de la situation économique, renvoie à des éléments de conjoncture et à des crises plus profondes.

Suite à l’intronisation du 44éme président des États-Unis en janvier 2009, Barack Obama réaffirmait que son engagement sur l’union de ses concitoyens pour affronter la crise financière qui touche les États-Unis et le monde, certes, mais surtout redorer l’image désastreuse de l’Amérique a l’extérieure…Hélas!

Des frappes contre des suspects terroristes, la nomination d’un envoyé spécial en février 2009 en Afghanistan et au Pakistan, et une interview télévisé d’une chaine qatarie Al-Arabiya sont trois actions significatives sur la scène international du président Américain au début de mandat dixit le discours du Caire prônant un respect des États-Unis envers le monde arabe. Cependant l’engagement de Barack Obama face aux défis environnementaux démontre à la fois une volonté de rupture avec l’administration précédente et une certaine fermeté. Mais dans les faits, elles s’inscrivent aussi dans la continuité des politiques mises en œuvre par George W. Bush.

Ces cas de départ de la nouvelle politique américaine étrangère dans une volonté de rupture avec l’administration de George W. Bush mise en place par un pouvoir dit « intelligent » ne vont-elles pas engendrer une nouvelle forme de restauration de leadership américain?

Le pouvoir intelligent (smart power) n’est pas seulement une expression pris sous l’angle de l’intellect. Elle évoque aussi l’aspect pratique de l’idée, son astuce, soulignant que le pouvoir intelligent renvoie au pragmatisme, et donc, a son efficacité pratique.

Cette approche s’enracine dans la conviction du président Barack Obama que l’Amérique peut obtenir plus de ses interlocuteurs par le dialogue et la persuasion que par la menace systématique et la dramatisation permanente de la confrontation comme l’a fait l’administration de George Bush.

Nous voyons avec ce concept de pouvoir intelligent de l’administration du nouveau président américain, une perspective communautariste et constructiviste.

Dans un premier temps, vise une auto perception d’une communauté internationale, en mettant en avant l’importance des valeurs et d’unité. Comme lors du récent sommet du G20, Le président Barack Obama rappelait dans un discourt s’adressant aux états membres, « Nous traversons une période de difficultés économiques mondiales auxquelles ne sauraient répondre ni des demi-mesures ni les efforts isolés d’une quelconque nation ».

Dans un deuxième temps, le perspectif constructiviste qui est un ordre fondé sur une domination non ressentie que l’administration Obama a mise en place en faisant preuve de subtilité.

Nous voyons ici que le pouvoir intelligent que se voulait la maison blanche n’a jamais réellement pris forme à part dans les discours. Dès Le 23 janvier 2009, Barack Obama avait autorisé sa première opération militaire. Conformément à son engagement de campagne électorale de poursuivre la traque des membres terroristes d’Al Qaida ou qu’ ils se trouvent, sans même l’accord des pays concerné comme fut le cas lors de l’opération qui tua Oussama Ben Laden au Pakistan. Malgré la volonté de bien dialoguer, les américains veulent rester les maitres décisionnaires. Au-delà de la poursuite de la lutte contre Al Qaida dans la région frontalière entre l’Afghanistan et le Pakistan, Obama entend avoir une approche régionalisé du dossier afghan, comme l’indique la nomination de Richard Holbrooke comme envoyé spécial pour l’Afghanistan et le Pakistan.

Hilary Clinton secrétaire d’état et Richard Holbrooke ont en effet tous deux exprimé leur agacement vis-à-vis du piètre bilan du gouvernement Afghan de Hamid Karzai en matière de corruption, de lutte contre le trafic de drogue et de fourniture des biens publics de base (eau, électricité, construction de nouvelles écoles, routes goudronnées), autant de facteurs explicatifs de l’instabilité du pays.

Malgré un récent retrait des troupes américain, l’envoi de 20 à 30 000 milles soldats américains supplémentaires en Afghanistan aura cependant pas pour objectif, et ne permettrai pas, de transformer le pays en un modelé d’état moderne, démocratique et uni comme l’avais déjà voulu l’administration George W. Bush.

Ce signe s’était présenté comme une volonté de la nouvelle administration d’employé une tonalité différente avec le reste du monde, surtout avec les Musulmans, elle n’en demeure pas moins surprenante. Le président a donc insisté dans l’exercice sur le fait que les États-Unis allaient d’avantage écouter leurs partenaires ainsi que leurs ennemis au lieu d’imposer leurs préférences à un pays spécifique de la région. De tels propos s’inscrivent dans la continuité de ceux de George W. Bush. Lors d’une interview sur la chaîne de télévision américaine CNN, Barack Obama affirme vouloir restaurer le « même respect et partenariat qu’entretenaient des États-Unis et le monde musulman il y a 20-30 ans. Le nouveau président américain semble ici souffrir d’une étrange amnésie historique. Il y a 30 ans, en janvier 1979, la révolution islamique en Iran se traduisait par la prise d’otage de l’ambassade américaine de Téhéran.

Quelques années auparavant, en 1973, l’embargo sur les livraisons de pétrole décrété par l’Arabie saoudite provoquait le premier choc pétrolier et plongeait l’économie américaine en récession. Par ailleurs au cours des 20 dernières années, l’histoire la plus sombre relation selon Barack Obama, l’intervention militaire au Koweït, Bosnie Herzégovine, et en somalie, des lieux des populations musulmanes étaient dans des situations périlleuses.

Les changements survenus dans la diplomatie américaine ne se focalise pas uniquement que sur des regains d’influence géopolitique, mais plutôt dans les nouveaux défis environnementaux.

L’administration de George Bush avait émis le refus de tout échéancier de réduction d’émissions de gaz à effet de serre du au protocole de Kyoto. En contrepoint, elle plaide pour des engagements volontaires des entreprises et une politique de soutien à l’innovation technologique. Le moins qu’on puisse dire est que cette orientation n’a pas produit des effets escomptés : de 1993 à 2005, les émissions de CO2 du secteur énergétique américain ont augmenté de plus de 15 %.

L’administration de Barack Obama renverse la vapeur en promettant une loi dont l’objectif serait de réduire les émissions de 80% en 2050, par rapport à 1990. Pour ce faire, son programme prévoit un système d’échange plafonné des droits d’émission, un taux annuel de réduction obligatoire, la mise en œuvre accélérée de technologies propres, un investissement massif dans la recherche – développement et une série de mesures en faveur de l’efficience énergétique, notamment.

Il convient de noter que le point de départ de la nouvelle administration américaine n’est pas le sauvetage du climat mais la sauvegarde du leadership des États-Unis, en particulier dans le domaine de l’énergie. L’administration Obama reproche à celle de George Bush d’avoir accru la dépendance des États-Unis par rapport au pétrole, donc par rapport aux pays producteurs et à leurs régimes hostiles, et d’avoir investi dans l’armée massivement en Irak plutôt qu’en Afghanistan. Terreaux sur lequel il va s’appuyer pour venir à bout du candidat républicain Mitt Romney lors des élections présidentielles de novembre 2012.

Selon Barack Obama, l‘administration précédente a fourvoyé les États-Unis dans une impasse où ils se sont affaiblis face à l’Union Européenne et à la chine, tout en perdant le contrôle absolu sur leur arrière-cour en Amérique latine. Barack Obama incarne ainsi le projet d’une réorientation géostratégique globale visant à rétablir l’hégémonie de l’empire dans un contexte de concurrence aiguisée entre puissances impérialistes et nouvelles puissances capitalistes montantes. Son programme énergie-climat doit être analysé dans ce cadre.

Ce lien entre climat et géostratégie apparaît clairement dans la manière dont Barack Obama se positionne à l’égard des pays émergents.

De ce fait, Barack Obama est stratégiquement d’accord avec son prédécesseur, mais s’en démarque sur la tactique à suivre : selon lui, en refusant tout contingentement domestique, son prédécesseur aurait fait le de l’Inde et de la Chine, sans compter sur l’Union Européenne a profité du retrait des États-Unis pour s’installer comme leader climatique.

A cet égard, il est significatif que Barack Obama n’envisage pas de suivre l’exemple de l’Australie, qui a ratifié les accords de Kyoto à Bali, en décembre 2007. Son projet n’est pas de rentrer dans le rang mais de prendre les rênes de la négociation d’un nouvel accord climatique d’un après-Kyoto, afin que cet accord corresponde aux intérêts du capitalisme américain.

En somme l’administration de Barack Obama contribue à corriger l’image négative des États-Unis dans le monde en redonnant à la diplomatie la place prépondérante qui lui revient dans une nation pacifique, ouverte au dialogue, et respectueuse des autres nations.

L’équipe au pouvoir à Washington innove, mais impose des réflexions sur les méthodes de gouvernance en vigueur qui vont au- delà des réévaluations des politiques en cours inhérentes à toute prise de fonction d’un nouveau pouvoir.

Ce que j’ai appelé pouvoir intelligent, tel qu’ il est utilisé aujourd’hui par les États-Unis n’est pas seulement un gadget conceptuel permettant d’alimenter la diplomatie américaine à l’échelle planétaire.

C’est aussi un signe d’un changement d’époque, et d’une prise de conscience de l’Amérique qui a compris que l’hostilité grandissante à son égard menaçait à terme son hégémonie, dans un siècle qui verra l’avènement de nouveaux géants mondiaux que sont déjà la Chine, et bientôt l’inde , et le Brésil.

Ce concept favorise le retour à un au multilatéralisme dans les relations internationales, et l’Europe qui a parfois souffert de l’unilatéralisme américain forme le vœu d’un retour à une diplomatie moins agressive des États-Unis, plus à l’écoute de ses partenaires.

Le nouveau leadership américain prôné par l’administration Obama se veut tous aussi déterminé dans la défense des intérêts américains, mais plus subtil dans le choix de la méthode à appliquer pour y parvenir.

Là où son prédécesseur George W. Bush interprétait la réticence de ses alliées a soutenir la politique de l’Amérique comme de l’anti- américanisme, voir comme une trahison d’intérêts occidentaux, Barack Obama souligne la nécessité d’élargir l’éventail de l’outil à la disposition des États-Unis pour faire triompher les intérêts de l’Amérique et du camp occidental.

Ce qui m’emmène à dire et penser qu’il y a une continuité dans la politique étrangère de Barack Obama à celle de George W. Bush, malgré les innovations de l’administration de la première cité.

Cependant, la ligne de conduite de Barack Obama est clair, d’une manière générale il expose la nouvelle politique internationale étrangère de l’Amérique et tient compte des opinions des pays qu’il visite, en évitant de mettre en évidence ses opinions personnelles comme le faisait son prédécesseur.

C’est une des clefs de son succès qui se fonde aussi sur sa connaissance des questions internationales. Barack Obama semble d’après ses analyses, avoir une solide culture et n’est pas un néophyte en la matière, il se place en conciliateur et évite de jouer les provocateurs. Cela permet à la diplomatie américaine, une facilité de persuasion dans le monde.


Cet article a été rédigé par Jean-Joseph Agoua du blog jeanjosephagoua
Bio de Jean-Joseph : Responsable du think tank Générations Horizons. Journaliste Pigiste pour le Bouquet Africa. Jeune homme dans la vingtaine en quête de vérités! Mes écrits n’engagent que ma personne.
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