AFROEATS 2013 ou la promotion du tourisme culinaire au Sénégal

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Au Sénégal les produits alimentaires importés occupent une large place dans les habitudes de consommation.

Le régime alimentaire actuel du Sénégalais est composé en majorité de produits importés : la baguette à base de blé de France, le thiébou dieune préparé avec du riz thaïlandais et le thé national fait avec du « Gunpowder » de Chine. Une situation qui prévaut à travers le continent.

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Selon le ministre du Commerce, de l’Industrie et du Secteur informel, Alioune Sarr, cette situation procède en grande partie de l’héritage colonial désastreux dont les Africains ont du mal à se départir. Il souligne aussi les enjeux économiques, culturels et sanitaires liés à la consommation des produits locaux. D’après M. Sarr, la valorisation de ces produits constitue un moteur de création d’emplois et de richesse. Ce qui peut aussi avoir un impact positif sur la balance commerciale déficitaire au Sénégal.

L’Afrique est ainsi devenue exportateur de produits de rentes tels que l’arachide, le cacao, le café et importateur de produits vivriers comme le riz ou encore le blé. Alors qu’une étude de The National Academies Press a identifié plus de 2000 céréales, légumes et fruits en Afrique, malheureusement méconnus. Des produits comme le mil, le fonio ou le sorgho constituaient depuis des millénaires l’essentiel de la production agricole africaine sont aujourd’hui sous-exploités.

Contribuer à la nécessaire réappropriation du patrimoine africain passera par une formulation et transmission de ce savoir aux populations locales, un développement des pratiques agricoles ainsi qu’une sensibilisation du monde aux qualités gustatives et nourricières des produits africains.

D’où une initiative comme AFROEATS 2013 le « Festival international des produits locaux et de la cuisine africaine » du 30 avril au 05 mai 2013 à Dakar dont le lancement a eu lieu au siège de l’Institut de technologie alimentaire (ITA).

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L’initiative de AFROEATS 2013 est venue du chef cuisinier Pierre Thiam qui a affirmé, à l’occasion, que l’Afrique n’atteindra jamais son indépendance si elle ne met pas fin à la consommation des produits importés.

Dans le cadre de l’AFROEATS 2013 une délégation internationale de chefs de grande renommée est attendue. Un itinéraire de 3 à 4 jours permet à ces chefs de découvrir les produits, les étapes de leur transformation ainsi que les merveilles de la cuisine sénégalaise.

De l’avis en outre du ministre, la promotion des plats sénégalais permet de hisser l’identité culturelle sénégalaise à l’international et favoriser le tourisme culinaire. Des cuisiniers sénégalais sont parvenus à faire « admettre nos plats aux Américains, aux Occidentaux en général. Le yassa, le thiébou dieune et le bassi salté par exemple sont rentrés dans le vocabulaire culinaire de certains pays développés ».

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Le tourisme culinaire est devenu la niche la plus dynamique de l’industrie touristique. Aujourd’hui les touristes fins gourmets sont à la quête de nouvelles sensations. Les chefs, créateurs des plaisirs de la table deviennent une attraction touristique de première importance.

Un autre facteur qui joue un rôle majeur est l’engouement général pour la cuisine, phénomène marqué par la popularité grandissante des émissions culinaires. Les chefs ne sont plus confinés derrière leurs fourneaux en studio, ils sont appréciés pour leur créativité et ils partagent leur savoir-faire avec le reste du monde au travers des médias.

Les grands chefs seront encouragés à devenir des ambassadeurs à travers les médias occidentaux. En effet, le festival ARFOEATS 2013 prévoient qu’ils contribueront par des recettes inspirées du voyage à l’élaboration d’un livre sur la cuisine et les produits du Sénégal. Ce livre qui sera distribué sur le marché international, servira de fenêtre pour la gastronomie sénégalaise et sera un outil formidable pour le développement du tourisme culinaire africain.

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