Handball : Entrevue de Siraba Dembélé leader des Bleues

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L’équipe de France de Siraba Dembélé joue son 3ematch ce soir face aux Pays-Bas. Après deux premiers matchs remportés sans trop de difficultés (31-13 contre la RDC et 27-10 contre la République Dominicaine), les Bleues rentrent dans le vif du sujet.

Nous nous sommes entretenus avec Siraba, capitaine des Bleues, qui nous fait vivre le Mondial de l’intérieur. Nous avons parlé entre autres du Mondial, de sa coéquipière Nina Kanto, du handball africain et de ses rêves pour le continent de ses parents.

Jean-Luc A. : Bonjour Siraba, es-tu contente après ces deux premières journées ?

Siraba Dembélé : Oui ça va, on rentre en douceur.

JLA : Le prochain match c’est contre les Pays-Bas, une équipe que tu disais redouter en début de compétition. Pourquoi ?

SD : Il n’y a pas de vrai favori dans ce Mondial. Les Hollandaises ont une jeune génération avec des joueuses présentes dans les grands championnats européens. Elles sont bonnes dans tous les domaines, hyper agressives et surtout elles galopent. Cela ne sera pas un match facile.

JLA : L’équipe de France a des armes, des battantes pour répondre. La défense sera-t-elle la clé de la rencontre ?

SD : Effectivement, on a équipe pour aller au combat. Sur un match comme celui-la, Nina Kanto, joueuse la plus capée de l’équipe,apportera toute son expérience. On la surnomme « la lionne »car c’est une vraie guerrière. Elle vient du Cameroun, ce n’est sûrement pas un hasard.

JLA : Ta relation en dehors du terrain avec Nina ?

SD : Nous sommes de très bonnes amies. Je suis la marraine de son petit garçon de 3 ans. En plus, nous avons toutes les deux des origines africaines, ça crée des liens.

JLA : En parlant de l’Afrique, j’ai vu que vous aviez beaucoup été affectées par la disparition de Nelson Mandela, un père pour le continent. Tu dois savoir que Madiba a beaucoup utilisé le sport pour unir son peuple. As-tu des projets pour aider l’Afrique par le biais du sport ?

SD : Nous avons toutes été très touchées par la disparition de Mandela. Le monde entier l’a été. C’est une personne qui a marqué l’Histoire. Nous avons conscience que des personnes comme lui se sont battues pour que nous les personnes de couleurs puissent vivre libresaujourd’hui.

Sur le plan sportif, à travers la coupe du monde de rugby 1995, la coupe d’Afrique de football 1996 et surtout le Mondial de football 2010,il a réussi à unir le peuple sud-africain. Le sport a un pouvoir énorme. J’aimerais monter des projets sportifs en Afrique mais deux à trois semaines de vacances par an ça ne laisse pas vraiment de temps pour faire quoi que ce soit.

JLA : Pourtant les jeunes africaines adoreraient apprendre le handball avec des joueuses comme toi. Tu as  joué la RDC il y a quelques jours. Que manque-t-il au handball africain ?

SD : Le problème du développement du handball et du sport en Afrique est lié aux infrastructures, à la formation et aux détections des talents.

JLA : Pour devenir une championne de handball comme toi, il faut mettre l’accent sur quoi ?

SD : Discipline, rigueur, qualité de passe, engagement physique, lecture de jeu et encadrement. Si les équipes africaines parvenaient à développer ces qualités, elles seraient parmi les meilleures mondiales.

JLA : Le football, l’athlétisme et le basketball attirent plus de pratiquants. Vit-on bien avec le handball ?

SD : On gagne bien sa vie à court terme mais il faut reprendre ses études ou suivre une formation pendant ou après sa carrière afin d’assurer un avenir.

JLA : Même quand on est capitaine de l’une des meilleures équipes du monde ?

SD : Malheureusement !

JLA : Les sponsors ne vous courent pas après ? Il y a des belles femmes au sein de votre sélection.

SD : On a nos sponsors mais les sommes dans le sport féminin ne sont pas encore du niveau de nos homologues masculin et en plus dans le handball.

JLA : En parlant de belles femmes. Flora Coquerel, Miss France 2014 à des origines béninoise. Comment la trouves-tu ?

SD : La miss France est juste magnifique. Elle représente bien la France cosmopolite.

JLA : Toi, Nina, Cumba et les autres filles qui avez des origines africaines, pensez vous que vous avez un rôle à jouer auprès des jeunes africains ?

SD : Je ne sais pas. On leur sert peut-être de modèle. Je suis née en France, même si je suis fière de mes racines africaines, je n’ai pas l’impression d’être perçue comme une africaine au même titre que l’africaine née en Afrique et qui s’est expatriée par la suite. Du moins c’est ce que je pense. J’espère me tromper car mon rêve serait d’aller œuvrer en Afrique à travers des stages sportifs pour les jeunes. Ce serait une superbe expérience, une façon d’apprendre de ces jeunes et de rendre la pareille.

JLA : Le basketball est une discipline phare en Afrique et pourtant les joueurs africains évoluant en NBA sont peu connus sur le continent. Luol Deng joue pour l’Angleterre et Serge Ibaka pour l’Espagne, pourtant ce sont les meilleurs ambassadeurs de cette discipline en Afrique. Avec la NBA Afrique, ils font des camps sur le continent chaque été. C’est un très bon moyen pour promouvoir son sport. Vous pourriez en faire de même pour le handball.

SD : Ce serait une bonne idée oui. On va essayer d’aller le plus loin possible dans ce Mondial. Si on parvient à faire comme les Bleus de Tony Parker lors du dernier euro ça nous aidera surement à mieux médiatiser le hand et pourquoi pas organiser des campagnes après en Afrique.

JLA : Merci Siraba, bon match !

SD : Je t’en prie.

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