Pourquoi certaines personnes sont gentilles ? par Eyala Musango

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personnes sont gentilles

J’ai toujours cru dans les relations humaines mais récemment je me suis interrogée sur pourquoi certaines personnes sont gentilles ?

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Jusqu’à un âge (très) avancé, je n’avais aucun espèce de méfiance envers personne, à moins que vous ayiez eu une arme à la main, et là encore je vous aurais probablement accordé le bénéfice du doute. Et pourtant en grandissant et au fil d’expériences souvent douloureuses mais ô-combien édifiantes, je me suis rendue compte que les choses n’étaient pas aussi roses, que les gens étaient méchants et souvent de façon gratuite.

Si nous naissons bébé, nous sommes tous à un moment de notre vie, candide et naïf, innocent et plein de bonnes intentions et même actions. Et puis un jour, je ne sais de quelle façon, une chose se produit. Ou un amoncellement de sentiments, de mauvaises situations font qu’à un moment X on devient méfiant, puis mécontent, et finalement méchant. Je parlais souvent de mal intrinsèque, et je disais que les gens ne peuvent pas vraiment faire la différence entre ce qui est bien ce qui est mal parce qu’il n’y a pas un mal vraiment mal… Ce que je voulais dire par là, c’est que tout est une question de perception. C’est le regard que l’on choisit de poser sur les choses qui en fait des actes condamnables, et ce toujours à certains égards et dans une certaine juridiction. On ne peut donc pas vraiment dire qu’une personne se comporte simplement “mal”.

Mon ami remarquait il y a quelques jours avec stupeur qu’à l’époque, Adam et Eve de la Bible avaient le droit de tout faire. Quand leurs yeux se sont ouverts, ils ont pu voir que ces mêmes choses qu’ils faisaient étaient mauvaises ou bonnes… They say “Ignorance is a bliss”. On peut facilement comprendre qu’une chose devienne mauvaise à partir du moment où l’on change de regard dessus. Ainsi, puisque les agissements des personnes ne sont jamais isolés,  dire d’une personne qu’elle est méchante ou mauvaise c’est l’enfermer dans un modèle erroné; c’est se tromper soi même, c’est nier sa propre nature humaine dans la mesure ou l’autre n’est qu’un autre vous.

Avec le même parcours et la même histoire que X ou Y, vous agiriez exactement comme eux. Je ne cherche pas à justifier ou excuser les “mauvais”, mais à les expliquer. Il faut réaliser que les personnes les plus capables de blesser sont celles en général qui sont les plus atteintes, les plus démunies. La société a peut-être eu tort avec son système qui juge et dit “tu as fait mal” au lieu de montrer d’abord une compréhension puis une acceptation. Ces personnes que l’on taxe de mauvaises ont été des bébés qui autrefois ont fait le bonheur d’une mère ou d’une famille. Aujourd’hui qu’elles ont commis le (supposément) laid, le soit-disant immonde, on les juge.

Le regard de l’autre est aliénant va souvent pousser à se rebeller,  le sentiment d’exclusion, d’être montré du doigt peut pousser à les gens à s’emmurer dans le silence, dans l’entêtement et autres façons de maintenir son égo vivant… Par effet domino, un acte mauvais se transforme rapidement en un comportement, pis, une personnalité répréhensible. Malgré cela, il ne faut jamais perdre du vue que tout être humain, que ce soit une mère que l’on croit superwoman, un amoureux qui parait si fort, un criminel qui parait être sans cœur, est un autre soi. Une autre soi, simplement avec une autre histoire et donc un autre comportement, mais l’être n’est pas altéré par les actions. L’essence de ce qu’ils sont ne change pas parce que leurs actes ne plaisent pas, et autant que vous êtes, ils sont. Et vous n’êtes pas meilleur. Vous êtes un égal avec un autre comportement.

Pour remettre les choses en contexte, même avec la plus grande gentillesse du monde, il y a toujours quelqu’un qui peut porter un regard différent sur vos actes. Un regard lancé à un malade que vous vouliez compatissant peut être perçu comme condescendant et plein de pitié; vous seriez surpris des perceptions des gens sur vos actions, même lorsque vous êtes certain de votre sincérité.

Toujours remettre l’histoire, les sentiments et l’humanité en contexte pour appréhender vos interactions avec les gens permet d’éviter de nombreuses incompréhensions. Un petit exemple que je donnais à un de mes amis qui semble bête maintenant que je le dis, c’est que lorsque je vois du bleu, je sais que c’est du bleu. Mais je n’aurai jamais la certitude que je vois le même bleu qu’il voit… Parce que je ne pourrais jamais entrer dans ses yeux, sa peau, son histoire. À jamais, ta conception sera différente de la mienne, même si l’on a toujours besoin de ce sentiment rassurant d’être sur la même longueur d’ondes avec une autre personne, il est impossible d’appréhender une chose de la même façon qu’une autre personne. Et cela n’est ni bon, ni mauvais.

Accepter de ne voir que l’humanité chez les autres, c’est s’exposer à avoir mal tous les jours, à probablement enchaîner les déceptions, mais c’est aussi s’ouvrir à voir ce qu’il y a de vraiment beau dans un monde qui semble s’enliser sans fin dans le mal. C’est accepter de faire partie de ces personnes qui sont vraiment bonnes, c’est refuser de participer à la spirale de méfiance, de mécontentement et de méchanceté qui fait perdurer les incompréhensions, les jugements et les hypocrisies. S’atteler à voir ce que l’autre est, un humain. Vous seriez peut-être en train de rappeler à certains qu’ils le sont encore.

Eyala Musango (kirigouda)