Pourquoi Twitter n’aide pas les Noirs – Partie 2, Par Noir Immobile

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Pourquoi Twitter n’aide pas les Noirs – Partie 2 (lire partie 1 : ici)

Pour faire travailler un groupe autour d’une vision ambitieuse, il faut:

– Un groupe

– Une vision ambitieuse (jusque là, tout va bien)

– et une manière de communiquer la vision à la communauté qui incite chacun à participer.

Mais de quelle communauté parle-t-on ? De la “communauté noire” ? Non. S’il vous plaît. Tout sauf ça. Je ne veux plus appeler soeur ou frère, celles et ceux avec qui je ne partage rien. J’ai un frère. Un vrai. Nous sommes différents, mais nous partageons les valeurs transmises par nos parents. Nous n’avons pas les mêmes revenus, mais nous participons, chacun à notre échelle, au remplissage du frigo. Nous n’avons pas le même âge, mais nous avons le même droit de parole lors des conseils de famille. Nous n’habitons pas au même endroit, mais nous voulons pouvoir nous retrouver, à la moindre envie, dans la maison familiale. Alors nous chérissons cette maison.

Puis-je en dire autant de notre chère “communauté noire” ? Avons-nous des valeurs communes ? Une économie communautaire ? Une maison à protéger ? Non.  Au mieux une blessure partagée. Etre noir n’a rien à voir avec le fait d’être africain ou de sentir africain. Se définir comme militant noir, c’est, dans le “meilleur” des cas, être un apôtre de l’antiracisme, c’est-à-dire le rejet du rejet. Et c’est, dans le pire, être un Afro-faché, qui considère que les initiatives des autres ne sont jamais assez bonnes. Pas une vision très ambitieuse, n’est-ce pas ?

C’est pourquoi je ne m’adresse pas aux noirs, mais aux panafricains. A eux, je propose une vision. Ou plutôt, je transmets. Car d’autres l’ont eu avant moi. Nous voulons une Afrique unie ? Alors oublions les nationalités coloniales et les micro-nationalités (pays et ethnies). Une #teamafrica aura surement plus d’impact que les #team972, #teambeti, #teamaloko et autres #teamchenillegrillée.

Nous voulons une Afrique puissante ?

Alors soutenons les projets solides, qu’ils soient dans les secteurs dits “vitaux” comme l’agriculture, la santé et l’éducation, mais aussi les technologies et la défense. Le continent sera demain au centre des Guerres de l’Eau, de l’Air, et de la Faim, et ce ne sera pas l’AFRICOM qui le protègera.

Nous voulons une Afrique égalitaire ? Vraiment ? Alors respectons les choix de chacun, et nettoyons notre vocabulaire. Le Vaudou est une religion, pas un culte satanique. L’homosexualité est une préférence sexuelle, pas une maladie. Le cousin du pays est un africain du continent, pas un bledard. Le panafricanisme n’est pas un morceau de pagne avec lequel on cache sa blessure identitaire. C’est une manière de penser et travailler basée sur la quête de l’excellence, le respect de l’autre et l’action concrète. 3 formules incompatibles avec un réseau social qui interdit le débat.

Alors si Twitter n’aide pas les noirs, c’est, certes, à cause de la culture du clash des égos qui y règne. Mais c’est surtout parce que 140 caractères sont insuffisants, pour déconstruire l’escroquerie de l’identité noire. C’est d’ailleurs ce que signifie mon nom. Noir, donc Immobile. Mauvaise pioche.


Cet article a été rédigé par Noir Immobile
Bio de Noir Immobile : Je suis noir et paralysé, mais je voyage avec mon esprit.
Suivez la sur Twitter : @NoirImmobile