Back to Africa par Melo Nzeyitu Josia

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Back to Africa par Melo Nzeyitu Josia

Qui peut contester le fait que le trésor le plus inestimable que possède une nation est son peuple, surtout ses jeunes gens, garants du renouvellement des générations ?

Ce n’est certainement pas Jean Bodin, jurisconsulte, philosophe et théoricien politique français du 16e siècle. C’est lui qui a introduit plusieurs concepts de base de l’économie des Etats, notamment la théorie quantitative de la monnaie. Cependant, et pour ma part, si je devais ne retenir qu’une idée maîtresse de la pensée de Bodin, ce serait son célèbre aphorisme : « Il n’est de richesses que d’hommes ».

Des flots d’encre et de salive ont coulé pour expliquer le retard matériel subi par l’Afrique ces derniers siècles. La réponse n’est pas à chercher ailleurs que dans la célèbre phrase précitée de Bodin. L’ironie de la situation tient au fait que Bodin a prononcé cette phrase au moment même où l’Afrique était vidée de sa richesse première par la déportation de dizaines de millions de ses enfants. Parmi eux de purs génies qui sont allés enrichir l’Amérique par leurs inventions. Citons, pour l’exemple, Garret Morgan (inventeur en 1923 des feux de signalisation routière), Alexander Miles (inventeur en 1867 de l’ascenseur), W.B. Purvis (inventeur en 1890 du stylo à encre), Burridge & Marshman (inventeurs en 1885 de la machine à écrire), Elijah McCoy (inventeur en 1895 du système de lubrification des moteurs thermiques), Robert F. Flemming (inventeur en 1886 de la guitare électrique), Lewis Latimer (inventeur en 1882 du filament en cuivre des ampoules électriques)…

Selon les statistiques officielles, environ 50 millions d’individus ont été arrachés à leur terre africaine pour être déportés comme esclaves en Amérique. C’est cette main d’œuvre gratuite, corvéable à merci, qui a bâti la puissance des États-Unis d’Amérique, et qui est à l’origine de sa prodigieuse richesse. Au même moment, l’Afrique, exsangue, s’appauvrissait irrémédiablement.

Dès leur arrivée, les esclavagistes européens ont entrepris de dépouiller les Africains de leur identité, le premier élément de celle-ci étant leurs noms d’origine. Mayamona est devenu Peterson, Koffi est devenu Brown, Wema est devenue Jennifer, Malaïka est devenue Margaret, Diene est devenu Daniel, Asukile est devenu Washington, etc. etc. C’est pour marquer son profond rejet de cette aliénation que Malcolm Little est devenu le célèbre révolutionnaire Malcom X et que d’autres aujourd’hui, à l’instar de l’érudit Runoko Rashidi, ont rejeté des noms à consonance anglo-saxonne pour prendre des noms africains.

L’imposition des noms « américains » était pour toutes ces Africaines, pour tous ces Africains, une première mort. Comment en effet conserver l’espoir de retrouver un jour ses racines, sans leur élément de base, le nom qui surtout en Afrique, définit la personne, la situe dans un clan, dans une classe, dans un rôle social spécifique ?

Le succès planétaire que connut dans les années 80 Roots l’ouvrage de l’écrivain africain-américain Alex Haley est là pour le confirmer. Il a suffi d’un élément de langue, Kounta Kinté – Kambi Bolongo en l’occurrence, pour renouer le cordon ombilical coupé de manière si violente lors de la déportation. Ainsi la famille d’Alex Haley eut le bonheur de retrouver ses racines en Afrique de l’ouest, dans la Gambie actuelle.

Belle histoire en vérité mais qui constitue hélas une exception parmi les 45 millions de personnes d’origine africaine que comptent les États-Unis aujourd’hui.

Un jour, Sherefa, une amie afro-américaine m’a demandé si mes enfants, tous nés en France, parlaient une langue africaine. A ma grande honte, je dus avouer que s’ils comprennent ma langue natale ils ne savent point la parler. Alors la voix de Sherefa s’est fait rauque si profondes étaient sa rage et sa frustration : « Vous les Africains vous ne comprenez pas la chance que vous avez de connaître vos racines, de parler une langue qui est la vôtre. J’aurais donné tous les trésors du monde pour connaître le nom de mon ancêtre, enlevé il y a des siècles de sa terre natale africaine, de pouvoir parler sa langue. Et vous qui avez cette bénédiction, vous négligez de la transmettre à vos enfants ?»

Ce jour-là Sherefa m’a infligé une leçon que je n’oublierai jamais. J’ai compris le degré de souffrance et de frustration ressenti par nos frères et sœurs de la Diaspora de ne pas savoir QUI ils sont en réalité.

Cependant, il est une conviction que j’ai toujours eue dans l’intimité de mon cœur, depuis que tout jeune encore l’horreur de ce qu’a été la déchirure subie par la société africaine du fait de l’enlèvement et de la déportation de la chair de sa chair m’a sauté à la face : celle du retour un jour de cette diaspora sur la terre mère, l’Afrique.

Aujourd’hui grâce aux tests ADN, ce rêve est devenu réalité. Il y a un mois à peine (janvier 2012), des centaines d’Africains-Américains sont allés en pèlerinage à Dimbia, un village du Cameroun d’où sont partis leurs ancêtres quelques siècles auparavant. C’est grâce à Africanancestry.com, un site créé dans ce but, qu’ils ont réussi cet exploit. Ce site clame sur sa page d’accueil : « African Ancestry is the only company that can trace your ancestry back to an African country of origin (African Ancestry est la seule société qui peut retracer votre généalogie jusqu’à votre pays africain d’origine).

Mais avant d’aller plus loin, essayons de comprendre ce qu’est l’ADN et par quelle magie il est possible de confondre épouses infidèles comme criminels en cavale par la grâce des fameux tests ADN. Ce qui relève du miracle, c’est que ces tests permettent de remonter l’arbre généalogique d’un individu de 500 à 2000 ans en arrière !

L’ADN, abréviation d’acide désoxyribonucléique, est la molécule de l’hérédité. Elle contient sous forme codée toutes les informations relatives à la vie d’un organisme vivant, du plus simple au plus complexe, allant de la simple bactérie à l’être humain.

L’ADN contient donc toutes les informations susceptibles de créer et de faire vivre un organisme. C’est sur cette base que la biogénétique est capable d’élaborer l’empreinte génétique dite aussi profil génétique d’un individu grâce à la bulbe de ses cheveux, son sang, sa salive ou son sperme. C’est donc une sorte d’empreinte digitale qui, comme chacun sait, est propre et spécifique à un individu donné. Elle permet, en cas de catastrophe aérienne par exemple d’identifier sans risque de confusion des restes humains. L’ADN donne à la science les moyens — et c’est ce qui nous intéresse ici –, de générer des hypothèses sur la diaspora humaine.

African Ancestry a déjà testé plus de 20 000 Américains noirs, leur permettant ainsi de retrouver leur région d’origine en Afrique. Nous croyons pouvoir dire que ceux-ci ne sont que les pionniers d’un mouvement de fond que rien ne pourra arrêter et qui aboutira à l’une des révolutions majeures de l’histoire de l’humanité. Regina, une Afro-américaine à la peau mate et aux cheveux lisses, a réussi malgré son métissage évident, à retrouver ses racines haoussa grâce aux tests ADN menés par African Ancestry.

Le rêve de Marcus Garvey, réalisé en partie par la création du Libéria au 19e siècle, était qu’un jour tous les Noirs déportés aux Amériques retournent en Afrique. Ce qui était utopique il y a un siècle à peine est devenu réalité aujourd’hui grâce aux tests ADN.

Je suis, quant à moi, intimement convaincu que de ce retour de la Diaspora, qui correspond à des prophéties millénaires – we must fulfill the Book chante Bob Marley dans Redemption Song –, dépend l’avenir non seulement de l’Afrique – réserve mondiale de minerais, faune, flore, forêt, de l’eau –, mais de l’humanité entière.

Lors du dramatique tremblement de terre qui a frappé Haïti en 2010, de tous les pays africains seul le Sénégal a eu la générosité de proposer à tout Haïtien désireux de le faire d’aller s’établir dans ce pays. L’Afrique sub-saharienne tout entière devrait s’inspirer de cet exemple et introduire dans les diverses constitutions des pays de l’Union Africaine le devoir d’accueil de la Diaspora, une fois dépassés les égoïsmes et l’aliénation culturelle proche de l’aliénation mentale qui expliquent le marasme dans lequel sont plongés nos pays.

Je ne puis terminer cet article sans aborder la dimension spirituelle qui s’attache à ce Retour. Les Portugais furent les pionniers de la traite des esclaves en Afrique occidentale. Sur les ruines du Royaume Kongo qu’ils démantelèrent progressivement, ils arrachèrent, selon des historiens comme Duffy, plus d’un million d’esclaves entre le 15e siècle et l’abolition officielle de la traite au début du 19e siècle.

Cet esclavage eut lieu en accomplissement des Écritures, thème récurrent des chansons rastas, faisant référence aux textes ci-après : « Yahvé te dispersera parmi tous les peuples, d’une extrémité de la terre à l’autre (Dt 28 :64) » « Ils ont tiré mon peuple au sort ; ils ont donné le jeune garçon pour une prostituée, ils ont vendu la jeune fille pour du vin et ils ont bu (Joël 3 :3). » « Yahvé parla ainsi : sa postérité séjournera dans un pays étranger : on la réduira à la servitude et on la maltraitera pendant 400 ans (Actes 7 :6). »

Ces textes doivent être remis dans leur vrai contexte, celui de l’Afrique connue dans l’Antiquité sous le vocable Éthiopie. Sophonie, en effet, proclame, oracle de Yahvé : « Alors je donnerai aux peuples des lèvres pures, afin qu’ils invoquent tous le nom de l’Eternel, pour le servir d’un commun accord. D’au delà des fleuves de l’Éthiopie – comprenez l’Afrique noire selon la stricte étymologie du terme – mes adorateurs, mes dispersés, m’apporteront des offrandes (Sophonie 3 :9-10). Ce Retour de la Diaspora – les Dispersés dont parle Sophonie – grâce aux tests ADN n’est que le prélude du tsunami qui arrive, déclenché par la révélation du Troisième Secret de Fatima, celui du Vrai Retour déterminé par l’Eternel.

Cet article a été rédigé par Melo Nzeyitu Josia

Bonus : CAMEROUN VISION AMERICAINS DE RETOUR AU BERCEAU DE LEURS ANCETRES