Toronto FC vs Montreal Impact : Deux équipes qui ne s’aiment pas

920
toronto fc vs montreal

Au Québec, on parle souvent de la rivalité Montréal-Québec. La métropole face à la capitale provinciale. Un combat sans fin, souvent alimenté ces dernières années par des citoyens de Québec encore un peu amer d’avoir perdu leurs Nordiques.

Les comparaisons entre villes demeurent inévitables. Comme le dit le maire Denis « Kid » Coderre, le monde sera de plus en plus évalué et défini selon les villes, bien plus que par province ou pays. Montréal devient une entité de par elle-même, différente du reste du Québec et d’autant plus du reste du Canada. Dans cette optique, la rivalité avec la ville de Québec est du passé. Montréal a un nouvel objectif, un nouveau rival, un nouvel ennemi. Toronto.

Toronto FC vs Montreal Impact
Credit photo: Facebook Toronto FC

Les deux villes les plus peuplées au Canada. Séparées seulement par quelques centaines de kilomètres, mais surtout séparées par une culture, par une langue. Montréal, ville de folie, ville de passion, ville artistique, avec ce que ça implique de bons comme de mauvais. Construite à la va-vite, gérée de façon un peu tout croche, en constante reconstruction… Mais on l’aime pour sa diversité, son ouverture d’esprit, sa richesse sociale. On l’aime un peu pour sa beauté, beaucoup pour ses multiples activités, énormément pour ses longues nuits agitées.

Et Toronto. Ville de l’argent, ville de business. Les bars ferment tôt, la ville est tranquille, les hommes d’affaires en veston-cravates arpentent les rues du matin au soir, d’un rendez-vous à l’autre. Une ville synonyme de « réussite », dans l’horizon le plus capitaliste qui soit. Moins belle, moins différente, mais diablement efficace, rigoureuse, calculée. Une ville progressiste à certains égards, mais d’autant fermée à certains niveaux. Remember Rob Ford.

Des villes différentes donc, qui ne s’aiment pas énormément, et le niveau sportif n’y échappe pas. Depuis de nombreuses années, des duels Maple Leafs/Canadiens ou Alouettes/Argonauts l’alimentent. Mais au moment où cette rivalité sportive périclite, de par la médiocrité presqu’institutionnalisé des Maple Leafs, de par le désintérêt général des gens envers un Football Canadien caractérisé par des bottés de dégagements à l’infini, une nouvelle rivalité vient à la rescousse, apparaît, se développe, et prend l’espace qui lui est laissé vacant.

Toronto FC vs Montreal Impact
Credit photo: Facebook Impact Media

Toronto FC et l’Impact de Montréal. Le TFC, plus grosse masse salariale de la ligue, avec trois grosses vedettes dans ses rangs, dont le meilleur joueur de la ligue et l’un des mieux payés. Une équipe qui a carrément achetée sa place en MLS et qui tente « d’acheter » un championnat depuis quelques saisons en dépensant à gauche et à droite pour attirer des joueurs dominants. De Carlos Ruiz à Sebastian Giovinco en passant par Jermaine Defoe, aucune équipe torontoise n’avait réussie avant cette saison à faire un bout de chemin en séries, nonobstant le porte-feuille plein à craquer.

À l’opposé, l’Impact a fait sa place, tranquillement mais surement. De la A-League à la USL jusqu’à finalement atteindre la MLS. Le Bleu Blanc Noir a grimpé les échelons, un par un, guidé par la passion d’un propriétaire et la fierté d’une ville qui n’oubliera jamais le Centre Claude-Robillard. Sans grands noms avant les venues de Marco Di Vaio, Alessandro Nesta ou Didier Drogba, l’Impact mise sur un groupe tissé serré, sur une philosophie de club, sur l’amour et la passion du logo, de la ville, que portent les joueurs autant que le staff ou les partisans.

Toronto et Montréal ne s’aiment pas. On l’a vu cette saison, tant sur le terrain avec les multiples échauffourées et les cartons rouges, tant dans les estrades avec les quelques confrontations entre groupes de supporters.

Au final, Toronto et Montréal, ville comme club, sont aux antipodes. Toronto FC représente le pilier, l’équipe riche, favorite, dominante. L’Impact est le underdog parfait, l’équipe que personne n’attend, qui cherche sa voie et qui la trouve à travers un attachement au maillot, à la ville, aux couleurs. L’Impact est David, le TFC est Goliath.

Toronto FC vs Montreal Impact
Credit photo: Facebook Impact Media

Au final, est-ce que l’amour, la passion, la ténacité pourront venir à bout d’un alignement boosté et d’un budget illimité ? Si on était dans un film de Disney, la réponse ne ferait aucun doute. Mais la vie n’a pas toujours une morale à l’eau de rose, n’en déplaise aux partisans les plus croyants.

Un duel entre deux clubs, donc. Mais aussi un duel entre deux villes, entre deux « nations », entre deux langues, entre deux façons de faire et de voir les choses. Je vais trop loin ? C’est probable. Mais à quoi sert le sport s’il ne permet pas de canaliser nos différences, nos craintes, nos peurs, nos joies, dans quelque chose de plus grand sur lequel on a aucun contrôle ? C’est ce qui lui donne toute sa beauté.

Il reste que ça se joue sur le terrain. Mercredi, à 19h, plus rien d’autre n’aura d’importance que les 22 joueurs sur le terrain. Ce sont eux qui détermineront les champions, eux qui détermineront le narratif. Est-ce que les cols bleus sauront unir leurs forces pour faire tomber le géant rouge ?


Cet article a été rédigé par Julien Tardif.
Montréalais, étudiant, amoureux du sport et supporter de l’Impact de Montréal. Chroniqueur au @DLCoulisses