CAN 2017 : Portrait des forces en présence (GROUPE D)

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CAN 2017 Egypte Mali Ghana Ouganda

Voici un portait des quatre sélections qui s’affronteront dans le Groupe D.

Du 14 janvier au 5 février 2017, la 31e édition de la CAN 2017 (Coupe d’Afrique des Nations), la plus importante compétition continentale au sein du Berceau de l’Humanité, battra son plein au Gabon en plus de fêter le 60e anniversaire de son existence. Voici un portait des quatre sélections qui s’affronteront dans le Groupe D.

GHANA

Finaliste de la CAN 2015, le Ghana cherche à confirmer son statut de grande puissance du football africain avec un cinquième sacre (leur dernière conquête du titre remonte à 1982). Si la sélection ghanéenne est demeurée une valeur sûre lors des dernières qualifications, elle n’a pas non plus montré la même conviction que lors des dernières années récemment, en particulier avec une séquence actuelle de cinq matchs sans victoire, incluant une défaite contre l’Égypte et un verdict nul contre l’Ouganda en matchs de qualifications pour la Coupe du Monde 2018.

Les Black Stars devront impérativement sortir de leur torpeur s’ils veulent accomplir leur destinée au Gabon, étant donné la plus grande parité des forces en présence. La pression est d’autant plus grande pour leur sélectionneur Avram Grant, dont le contrat arrive à échéance à la fin de la CAN 2017, ce qui le place dans l’obligation d’aller jusqu’au bout afin d’avoir un meilleur pouvoir de négociation. Pour ce faire, il aura intérêt à bien clarifier une stratégie présentement nébuleuse et trouver des solutions pour que la mayonnaise prenne collectivement et que les joueurs croient de nouveau en leurs moyens.

Cela dit, l’effectif a de la profondeur et demeure expérimenté à tous les postes avec des joueurs qui ont su faire lors des matchs importants, tels les ailiers André Ayew (Swansea City), Christian Atsu (AFC Bournemouth) et les attaquants Jordan Ayew (Aston Villa) et Asamoah Gyan, meilleur buteur de l’histoire de la sélection. Ce dernier devra cependant retrouver sa forme de match puisqu’il a peu joué avec son nouveau club d’Al-Ahli à Dubai, et que les services de Raphael Dwamena (Austria Lustenau) et Abdul-Majeed Waris (FC Lorient), pourtant de bons buteurs, n’ont pas été retenus par Grant. Espérons que Thomas Partey (Atletico Madrid) au milieu de terrain pourra aider les ailiers Ayew et Atsu afin de diversifier l’animation offensive. Sur le plan défensif, les joueurs sont solides individuellement, mais il leur faudra un peu plus de cohésion afin de mieux colmater les brèches, ce qui pourrait s’avérer déterminant face à des adversaires résolus.

Malgré qu’il n’y ait pas d’inquiétude en ce qui a trait à la qualité de la relève, les Black Stars sont à la croisée des chemins afin que la génération actuelle, parmi les meilleures du continent africain depuis 2010, puisse enfin récolter les fruits de leurs efforts en remportant cette CAN 2017, après deux échecs en finale. Il leur faudra seulement juste un plus que des efforts pour y parvenir, mais les Ghanéens ont les moyens de faire face à la musique et d’aspirer encore aux grands honneurs.

ÉGYPTE

L’Égypte domine historiquement la compétition avec pas moins de sept conquêtes de la CAN, dont trois consécutifs en 2006, 2008 et 2010; un record. Les séquelles du printemps arabe se sont toutefois faits sentir jusqu’au sein de la première division de football égyptien, et la sélection n’a pu poursuivre sur sa lancée en 2012 après avoir été éliminée lors du tour préliminaire des qualifications, tout comme en 2013 et 2015. Mais cette fois, les Pharaons sont bel et bien de retour et ils ne seront pas au Gabon pour faire de la figuration.

Si autrefois, la sélection égyptienne dominait ses sujets en pratiquant un football de possession et en créant du beau jeu, tout en étant méthodique, leur sélectionneur actuel, Hector Cuper, a convaincu son effectif actuel de changer de tactique en optant pour la contre-attaque. Jusqu’à maintenant, cette stratégie a été fructueuse puisque l’Égypte s’est qualifiée en éliminant un redoutable rival, le Nigéria, et a récemment vaincu le Ghana lors des qualifications pour la Coupe du Monde 2018.

En prime, ce changement a permis aux Pharaons de circonvenir à quelques carences individuelles au niveau de la défense, grâce au soutien notamment du milieu défensif Mohamed El Nenny (Arsenal). Pour ce qui est de la relance en contre-attaque, Mohamed Salah (AS Rome) n’a pas besoin de présentation, lui qui a marqué des buts dans tous les matchs de qualification, peut créer des occasions à partir de rien et dont les accélérations peuvent surprendre aussi bien que déstabiliser n’importe quel adversaire.

Évidemment, la presse et les supporters égyptiens pour la plupart n’aiment pas le style implanté par Cuper, préférant de loin ce qui a traditionnellement été un gage de succès pour les Pharaons. Inutile de dire que la pression sera forte pour le sélectionneur car ses détracteurs ne se satisferont pas d’un simple quart-de-finale. Reste que si l’Égypte s’en tient au plan établi par Cuper avec la même discipline et détermination démontrée jusque-là, elle pourrait bien causer une agréable surprise.

MALI

Pour la sixième fois de suite, le Mali participe au prestigieux tournoi continental. Après plusieurs années de déceptions, cette constance est à mettre au crédit de la « génération de la rédemption » qui a ramené le football malien au-devant de la scène africaine avec deux troisièmes places (2012 et 2013), et marquée par son capitaine et buteur emblématique Seydou Keita. Ce dernier ayant pris sa retraite internationale, une nouvelle génération est cependant prête à reprendre le flambeau, et pas des moindres, puisque qu’elle a terminé troisième lors de la Coupe du Monde des U20 en 2015! Le développement des joueurs locaux est également en nette ascension, ce qui s’est d’ailleurs confirmé par une place de finaliste lors de la CHAN 2016, grâce à la jeune sensation de 17 ans Seykou Koita.

Le retour du sélectionneur Alain Giresse, lui qui avait déjà dirigé le Mali en 2012, est reconnu pour être très pragmatique qui a su implanter une philosophie du jeu rugueux et physique chez les Aigles. L’arrivée de jeunes joueurs de talent pratiquant un football plus élégant ne devrait toutefois pas lui poser de problèmes puisqu’il leur a fait confiance lors des qualifications afin de bien les intégrer avec les vétérans. Il faudra quand même un peu de patience avant de voir ce dont ils sont vraiment capables, mais gardez un œil sur le milieu de terrain Adama Traoré (AS Monaco), déjà doté d’une belle intelligence tactique et de superbes qualités techniques à 21 ans.

Le point fort des Aigles demeure d’abord la défense, avec ses deux tours dans la charnière centrale Salif Coulibaly (TP Mazembe) et Molla Wagué (Udinese) qui commettent très peu d’erreurs et sont rarement exposés. Offensivement, il y a moins de certitudes malgré que les attaquants Bakary Sako (Crystal Palace) et Moussa Marega (Vitoria Guimaraes) s’avèrent tout aussi musclés et excellents sur les ballons aériens.

Le Mali n’est pas un favori du groupe D, mais l’effectif n’en aura cure car il joue bien lorsqu’il est mésestimé. Leur caractère infatigable et leur résilience devraient provoquer quelques maux de tête à leurs rivaux, en plus de mettre la table pour les jeunes remplis de talent qui pourraient bien hisser les Aigles vers de plus hauts sommets dans l’avenir.

 

OUGANDA

Pendant longtemps depuis leur unique finale en 1978, les portes de la CAN ont refusé de s’ouvrir pour ce pays d’Afrique de l’Est, qui a souvent échoué à en saisir les clés lors du match ultime des qualifications. Ce scénario a encore une fois bien failli se répéter pour la CAN 2017, mais cette fois, les Cranes ont vu leur courage récompensé grâce à deux grosses victoires dans le dernier droit pour terminer parmi les meilleurs deuxièmes.

Rien que le fait de participer à la compétition représente déjà un exploit hors du commun pour la sélection ougandaise. Aussi, il ne faut pas s’attendre à ce que leur sélectionneur Milutin ‘Micho’ Sredojevic impose trop d’attentes à ses hommes. Comme ils jouent depuis longtemps ensemble et se connaissent bien, ils miseront sur leur exploit pour continuer de jouer avec la même cohésion et force mentale tout en prenant du plaisir.

Le statut de négligé ne rend d’ailleurs pas moins les Cranes difficiles à battre, car s’ils peuvent plier, ils ne rompent pas facilement et adorent les matchs serrés. Parlez-en au Ghana qui n’a jamais pu les vaincre lors de leurs trois derniers affrontements depuis 2014 (deux nuls et une défaite). En dépit d’un flagrant manque de talent à l’attaque à l’exception du jeune Farouk Miya (Standard Liège), la sélection ougandaise n’accorde pas davantage de buts qu’ils n’en inscrivent, surtout avec leur bloc défensif bien huilé mené par Isaac Isinde (Saint-George, Éthiopie) et leur cerbère devant les buts Denis Onyango (Mamelodi Sundowns, Afrique du Sud), sans doute le meilleur gardien du continent à l’heure actuelle.

En clair, ceux qui affronteront l’Ouganda dans le groupe D devront suer sang et eau et être prêt à livrer une vraie guerre de tranchées s’ils veulent en venir à bout.


Cet article a été rédigé par Mathieu Lemée

Bio de Mathieu: Chroniqueur et journaliste foot pour football365.fr page Afrique et pour Animateur du podcast via


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